Mobilité durable : tout est connecté !

Réglementation. Ce simple terme est intimidant. S’y conformer peut l’être encore plus si vous ne comprenez pas toutes les règles. Les gouvernements imposant, partout dans le monde, de nouvelles réglementations en matière de durabilité aux acteurs sectoriels, tout le monde va bientôt avoir un rôle à jouer dans la diminution des émissions de CO2. Nous nous sommes entretenus avec Eve Hagendorf, directrice technique et ambassadrice Mobilité durable de Michelin, pour comprendre les enjeux qui nous attendent et ce que les propriétaires de flotte doivent connaître.

Eve Hagendorf, directrice technique et ambassadrice Mobilité durable de Michelin

La Commission européenne a récemment proposé les premières normes paneuropéennes relatives à la réduction des émissions de CO2 des véhicules utilitaires lourds. Pourquoi maintenant ?

Eve Hagendorf : L’un de nos principaux enjeux en tant que secteur est le changement climatique qui est véritablement lié aux émissions de CO2. On assiste à une volonté mondiale urgente et croissante de diminuer ces émissions et c’est le principal objet de cette nouvelle réglementation. Ces lignes directrices concernent tous les poids lourds neufs vendus en Europe. Les législateurs se sont d’abord intéressés aux véhicules utilitaires lourds avant de couvrir les utilitaires intermédiaires et ils devraient, à court terme, passer aux autocars, aux camionnettes et aux remorques. 

Tous les constructeurs vont être tenus de déclarer la performance en matière d’émissions de CO2 de chaque utilitaire lourd neuf vendu en Europe. À cette fin, la Commission européenne a travaillé avec des universités et des experts des constructeurs pour définir un moyen de calculer les émissions de CO2. C’est ainsi qu’est né VECTO (Vehicle Energy Consumption Calculation Tool). Grâce à cet outil, les constructeurs déclarent la performance CO2 globale en fonction du composant choisi pour chaque configuration de poids lourd définie par leurs clients propriétaires de flotte. Le pneu est l’un des composants à l’impact le plus fort.

Pensez-vous que les propriétaires de flotte sont au courant de ce règlement ?

EH : Pour l’instant, les propriétaires de flotte ne sont pas directement concernés et donc, malheureusement, beaucoup ne savent même pas que ce règlement existe. Ils vont se rendre compte que leurs options de spécification sont beaucoup plus limitées au moment de renouveler leur flotte. Et c’est ici que le choix du pneu prend son importance. Il faut rappeler que de nombreux propriétaires de flotte négligent l’impact des pneus sur les émissions de CO2, alors même qu’un tiers de la consommation d’énergie d’un poids lourd leur est directement lié. Il est donc crucial de faire le bon choix. 

À l’évidence, faire le bon choix est crucial. Selon vous, quel est le principal malentendu en matière de choix de pneus ?

EH : Il y a quelques années, tout le monde croyait que choisir un pneu de classe A, soit le meilleur classement en matière d’efficacité énergétique, revenait à sacrifier la performance kilométrique, la sécurité ou l’endurance. Mais, ce n’est pas vrai. Avec la bonne innovation technologique, ils peuvent tout avoir. Chez Michelin, nous savons que le coût total de possession (TCO) est l’une des préoccupations majeures des propriétaires de flotte. C’est ce qui nous pousse à investir autant pour que nos pneus répondent aussi aux besoins de leur activité.

Pouvez-vous nous expliquer comment les progrès réalisés en matière d’innovation et de technologie ont permis cela ?

E.H : Un pneu bien conçu doit satisfaire tous les critères. Il doit répondre à l’enjeu des émissions de CO2, il doit être sûr, durable et contribuer à l’économie circulaire grâce à sa solide capacité de rechapage. Tous ces éléments sont fondamentaux et ne peuvent être obtenus sans l’innovation. Nous avons travaillé sur de nombreuses technologies pour améliorer la carcasse, la sculpture et le caoutchouc lui-même, car tous ces facteurs influencent l’équilibre des performances.

Si le nouveau règlement vise les constructeurs, pourquoi les propriétaires de flotte devraient-ils se sentir concernés ?

E.H : Si vous prenez l’analyse du cycle de vie des pneus, les émissions de CO2 sont très élevées pendant la phase d’utilisation. En d’autres termes, les propriétaires de flotte peuvent contribuer à leur diminution. Pour faire une véritable différence, ils doivent comprendre l’impact des pneus choisis lorsqu’ils renouvellent leur flotte. Sans sacrifier leur TCO, ils peuvent opter pour des pneus qui contribuent à l’objectif mondial de réduction des émissions de CO2. 

Les flottes sont donc l’une des clés de la transition mondiale vers des solutions de mobilité plus durables. Diriez-vous que leur rôle va continuer à évoluer ?

E.H : Absolument. Pour moi, la pandémie mondiale de COVID a démontré le rôle capital du monde des transports dans la mobilité et leurs impacts au quotidien. En tant qu’entreprise, nous dépendons toujours plus des transports pour nos produits et nos services et, de ce fait, nous devons contribuer à ce qu’ils soient le mieux outillés pour progresser dans la décarbonation. Les gestionnaires de flotte fonctionnent avec des marges financières très étroites, ils ont donc besoin de solutions intelligentes capables de générer des avantages importants. Les pneus sont l’une d’entre elles.

Comment se dessine l’avenir des flottes en matière de réglementation et de responsabilité ?

E.H : Dans les années à venir, les gestionnaires de flotte vont être de plus en plus amenés à répondre des niveaux d’émissions de CO2 de leurs véhicules, en raison non seulement de la réglementation, mais aussi de la pression exercée par leurs clients qui doivent également tenir leurs propres objectifs en la matière. 

Quatre chiffres clés à connaître